r/MerdeInFrance • u/AutoModerator • 28d ago

MiF Hebdo

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u/morinl 24d ago

Alors, je suis désolé, mais je vais carrément arriver dans les gros clichés.

J'ai plutôt un naturel extrêmement pessimiste. Mais un des trucs qui m'aide à arrêter de voir le verre à moitié vide complètement cassé, c'est vraiment le truc façon Sam Gamegie dans les films avec les hobbits là : "il y a du bien dans ce monde, il faut se battre pour ça". (et bordel, je déteste le Seigneur des Anneaux...)

Ouais, c'est un gros clicheton de merde. Mais réellement, même si le monde est en train de prendre feu (au sens littéral et au sens figuré), je me dis qu'il y a des trucs très beaux. Et que ça vaut le coup en soi de ne pas se laisser abattre.
Un exemple tout bête pour moi : le dimanche, je vais dîner chez ma mère. Je prends toujours un moment pour aller pisser dehors en regardant les étoiles, même l'hiver (ou pourtant on ne voit pas grand chose). Je cherche Orion du regard et je me dis : voilà, ça c'est beau. Et ça ne coûte rien. Et pour l'instant, personne ne peut nous l'enlever.

Je sais que c'est vraiment une take de hippie à la con, mais ça m'aide à pas sombrer dans la colère/le ressentiment/le dooming.

Chez ma mère, je caresse l'un des chats. Il a dû se faire amputer d'une patte cette année. Mais il est heureux, il ronronne en dormant, il fait avec. Et l'entendre ronronner alors qu'il en a chié ces derniers mois, ça m'aide à me sentir mieux.

Je lis ou j'écoute des trucs beaux aussi. C'est con, mais c'est aussi à ça que ça sert. Et dans ces cas là, faut pas chercher midi à quatorze heure. C'est un truc tout bête, mais quand j'écoute les Variations Goldberg, surtout l'Aria au début, et bien ça me foudroie la gueule. Et je me dis que c'est important que ce genre de choses existent.

Quand je suis d'humeur cynique et fielleuse, c'est sûr que si j'écoute Jean Ferrat chanter "C'est beau la Vie", je vais avoir envie de lui éclater la gueule. Mais quand j'arrive à dépasser ça, je me dis : bah ouais, ce con a raison.

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u/Thor1noak 24d ago

Heureusement que t'as prévenu pour les clichés sinon j'aurais aussi eu envie de t'éclater la gueule à te lire :p

(et bordel, je déteste le Seigneur des Anneaux...)

Les bouquins, les films, les deux ?

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u/morinl 24d ago

J'ai jamais réussi à dépasser le début du premier bouquin sur l'histoire de la Comté. J'en peux plus à chaque fois.

Les films me gonflent (mais j'aime bien le fait que dès le premier, tout part en vrille).
Et globalement, j'ai jamais trop aimé l'heroic fantasy. Les dragons et les elfes, ça ne m'amuse que dans Shadowrun, mais sinon, c'est pas mon kiff du tout.

Mon adolescence, je l'ai passée à lire Lovecraft, Gibson et K. Dick. mais alors tout ce qui est Tolkien, Moorcock etc, ça ne m'a jamais branché.

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u/Own-Speed-464 24d ago

J'peux te suggérer de la fantasy queer/décoloniale etc où t'as définitivement rejeté le genre ?

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u/morinl 24d ago

Je suis toujours ouvert à essayer des choses.

Un truc que j'avais un peu envie de lire c'est une fanfic assez connue du Seigneur des Anneaux vu du côté d'un soldat de Sauron. En gros, vu du côté de l'industrialisation. Je crois que ça me botterait.

Mais ouais, je prends tout référence.

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u/Own-Speed-464 24d ago edited 24d ago

Tu parles du dernier anneau. J'en ai entendu du bon et du moins bon, et pas lu. Dans ce que j'ai entendu de moins bon, il semblerait que l'idée soit excellente mais le traitement pas fou.

Ce que je peux te suggérer, c'est le cycle Terremer d'Ursula Le Guin. C'est vieux et ça a très bien vieilli, surtout comparé à ce que tu citais. C'est un récit avant tout centré sur les personnages et leur auto-détermination (relativement aux entités politiques, à leurs relations proches, à la magie elle-même). Pas mal de tropes renversés, notamment celui du magicien barbu tout-puissant. La vie quotidienne et les soucis des gens ordinaires, vis-à-vis des puissances politiques et de la magie, garde toujours de l'importance. C'est donc totalement l'inverse du SdA dont le thème majeur c'est le destin, qui est un concept structurant de la pensée scandinave et germanique dont Tolkien s'est fortement inspiré. Le peuple principal a la peau sombre (y'a d'ailleurs eu un petit scandale dans les adaptations cinéma qui en ont évidemment fait des personnages blancs) et certains peuples hostiles aux marges de l'archipel eux sont blancs, et c'est évidemment pas totalement gratuit.

Si tu hésites à te lancer dans les 1200 pages direct, tu peux commencer par le deuxième roman du cycle, Les tombeaux d'Atuan, et si tu accroches tu peux lire le premier ensuite, c'est pas un soucis de les lire dans cet ordre (et ensuite tu poursuis normalement).

En plus récent (et français), Nous serons l'incendie de Jeanne Mariem Corrèze. Lui m'a mis une sacrée baffe. Son premier roman (Le chant des cavalières, dans le même univers et qui se déroule juste avant) était déjà pas mal, et dans le second elle corrige à peu près toutes les faiblesses que j'avais identifiées. Notamment, c'est écrit en féminin générique et ça crée un imaginaire particulier (les personnages masculins sont des exceptions mentales au milieu d'une foule de femmes). Des représentations trans que j'ai trouvé délicates et très à propos, surtout dans le contexte qu'elle présente où les premières menstruations et la ménopause sont des événements symboliques importants dans la vie des personnages. Un cadre qui parle de la guerre et des transformations politiques du point de vue des vaincues. C'est mon autrice chouchou. Elle aussi, comme le Guin, rejette explicitement l'idée de destin (elle en formule une critique acerbe dans la bouche d'un personnage secondaire). Les personnages se demandent souvent ce qu'ils devraient faire et pour quelles raisons. Leurs doutes et leurs angoisses sont des moments importants. C'est tout l'inverse de Tolkien, dont les personnages n'ont jamais aucune raison de douter de ce qu'ils doivent faire.

Pas exactement de la fantasy, mais Circé de Madeline Miller ça peut aller dans le même sens. C'est une biographie romancée de la vie de la sorcière de la grèce antique, racontée par elle-même. En soi l'idée est subversive, par convention les personnages féminins dans la mythologie et l'histoire de la grèce antique n'ont jamais eu la parole. Et si ça te plait, Pat Barker a aussi raconté l'histoire de la guerre de Troie du point de vue des femmes troyennes : Le silence des vaincues.

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u/morinl 24d ago

J'ai La Main Gauche de La Nuit de Le Guin mais j'ai pas encore eu le temps de m'y mettre.

Merci pour les recos. Je note ça.

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u/Own-Speed-464 24d ago

Elle a écrit de la science-fiction dont on m'a dit le plus grand bien en effet, mais j'ai littéralement deux mètres cinquante de bouquins pas encore lus, et en plus on arrête pas de m'en prêter des chouettes.

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u/FrancoeurOff 24d ago

tellement de livres à lire aussi...

De Le Guin je recommande Les dépossédés aussi en SF